L’OMS s’active dans la réponse à l’épidémie de charbon en RDC
Goma – Pierre*, âgé de 57 ans, a été admis à la mi-mai dans un centre de santé de la zone de Lubero après de fortes démangeaisons à la main droite suivies de prurit et d’une tuméfaction atteignant son avant-bras. Il a été pris en charge et face aux symptômes inhabituels, des échantillons ont été prélevés et acheminés pour analyse au Laboratoire de l’Institut National de Recherche Biomédicale (INRB) à Goma.
Précédemment, une alerte avait été lancée en fin mars 2025 après la mort de dizaines de buffles et d'hippopotames dans le parc national de Virunga situé au Nord-Kivu. Des prélèvements réalisés le 29 mars, sur un hippopotame fraîchement mort et examinés au Laboratoire vétérinaire de Goma ont révélé la présence des spores du bacille responsable de l’anthrax ou maladie du charbon.
La maladie du charbon est une zoonose (maladie transmissible de l'animal à l'humain) bactérienne qui touche généralement les ruminants (vaches, moutons et chèvres). Les humains peuvent être infectés au contact d’un animal malade, ou des produits contaminés (tels que la viande, le sang, la laine, les peaux, les os). Toutes les formes humaines de la maladie (cutanée, gastro-intestinale et respiratoire), nécessitent une hospitalisation et prise en charge médicale.
Pour assurer une réponse multisectorielle à cette situation sanitaire préoccupante, les départements nationaux de la santé, l’environnement, la pêche et l’élevage avec le soutien des partenaires dont l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’UNICEF, la FAO et les CDC Afrique, ont concrétisé l’approche « Une seule Santé ». La collaboration étroite entre les services de santé humaine, animale et environnementale s’est donnée pour but de protéger les vies face à l’urgence sanitaire.
C’est ainsi qu’une délégation composée de ces départements et organisations s’est rendue du 25 au 28 mai 2025, dans les zones de santé de Binza et de Rutshuru dans le but de renforcer la surveillance et la réponse aux flambées de cas suspects d’anthrax dans les zones de santé de Binza et de Lubero.
« Une des mesures à fort impact dirigée par la partie nationale avec l’appui des partenaires a été le développement du plan national multisectoriel de préparation et de réponse à l’épidémie d’anthrax. A travers cette approche commune mise en œuvre dans la réponse, nous pouvons assurer une réponse complète, allant des activités de prévention jusqu’à la gestion clinique des malades. Nous sommes confiants de la fin prochaine de cette menace sanitaire », a déclaré la Dre Aline Katerekwa Ntamushigo Médecin superviseur au Programme national des Urgences et Action humanitaire (PNUAH). « Nos échanges avec les acteurs du terrain aident à gérer de manière efficace ce risque pour protéger à la fois les humains, les animaux et l'environnement. »
Depuis l’annonce de l’épidémie, l’OMS a appuyé les actions de réponse sur plusieurs plans. Le Dr Célestin Ndaliko, épidémiologiste en charge de la surveillance au bureau de l’OMS en RDC était membre de l’équipe de riposte qui s’est rendue à Binza. « Il y a de grands défis en termes de détection des maladies. Alors chaque investigation de cas d'anthrax devient un acte de résilience, une lueur d'espoir pour prévenir la propagation de cette maladie dévastatrice. »
A la date du 26 mai 2025, 24 cas humains suspects de maladie du charbon avaient été notifiés, avec les cas de décès de 9 chèvres, d’une vache, de 60 hippopotames et 27 buffles rapportés dans quatre zones de santé dans la province du Nord-Kivu, dans l'est du pays.
« Notre appui s’est effectué à plusieurs niveaux et nous tenons particulièrement aux soins appropriés à l’endroit des personnes touchées. Dans la majorité des cas, la maladie peut être guérie par des antibiotiques, qui doivent être prescrits par un professionnel de santé », a expliqué le Dr Leopold Ouedraogo, gestionnaire des urgences dans les provinces du Nord et Sud Kivu.
L’OMS a mis à la disposition de 12 structures sanitaires plus de 4 tonnes de médicaments, dont une importante quantité qui été remises aux autorités dans la zone de santé de Binza en territoire de Rutshuru.
« Jusqu’à présent, même si notre zone de santé de Binza n’a pas encore enregistré des cas humains, nous avons ce qu’il faut pour prévenir et prendre les devants par rapport à ce qui pourrait arriver », a rassuré le Dr Bernard Kakule, Médecin chef de la zone de santé de Binza.
L’OMS a joué un rôle central dans la coordination transfrontalière entre la République Démocratique du Congo et l’Ouganda, facilitant la communication et la collaboration entre les deux pays face à la réémergence de l’anthrax chez les humains et les animaux. La surveillance a été ainsi renforcée notamment en activant la cellule « Une seule santé » à Rutshuru, pour assurer la détection précoce et la réponse rapide dans les zones de santé à haut risque en intégrant les dimensions humaine, animale et environnementale de la santé.
Pour renforcer les capacités locales, l’OMS a également soutenu la formation des relais communautaires, le développement de supports de sensibilisation et la conduite de campagnes de sensibilisation publique et de porte à porte, sur les mesures de prévention de la maladie. L’Organisation a par ailleurs donné des kits de prévention (chlore, gels hydroalcooliques), des, médicaments essentiels et du matériel médical pour la prise en charge et encouragé la collaboration avec des partenaires techniques comme l’INRB pour améliorer la surveillance épidémiologique.
Malgré les défis sécuritaires et logistiques, l’appui de l’OMS a permis de poser les bases d’une réponse coordonnée, tout en soulignant la nécessité d’un engagement renforcé pour la sensibilisation communautaire, la gestion sécurisée des carcasses et la vaccination des animaux à risque.
Depuis l’annonce de l’épidémie, 24 personnes atteintes ont été soignées dans les structures sanitaires de la zone de santé de Binza et de Lubero, dont Pierre qui est sorti de l’hôpital et a repris le cours de sa vie.
Sur le terrain, les équipes s’activent toujours afin de continuer à protéger les populations et leurs troupeaux, avec comme base de travail la collaboration face à une menace commune.
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